Surprise

Textes divers...

Voeux 2024

Lolotte était bien. Allongée dans l’herbe fraiche sur l’adret des alpages, elle pensait à sa vie passée tout en appréciant la douce chaleur du soleil sur son ventre. Sa vie de marmotte était bien remplie. Une vie toute simple au début à la recherche de fleurs, pissenlits ou baies pour sa nourriture. Puis la rencontre d’un joli mâle et la venue de Momotte, sa fille adorée.

Elle pensait que tout continuerait ainsi quand, au milieu de ses amies les vaches, elle vit construire une grande cabane en bois. Curieuse comme toutes les marmottes, elle alla voir de plus près ce géant roux qui maniait si bien la hache et qui eut tôt fait de finir le bâti. Il s’arrêta pour déjeuner et donna un peu de sa pomme à Lolotte. Puis, il lui parla gentiment et elle s’aperçut qu’ils se comprenaient. Il lui dit qu’il se nommait Jürg et qu’il aurait bien besoin d’une gentille marmotte comme elle pour l’aider dans son projet. Elle voulut en savoir plus et c’est ainsi que naturellement ils se mirent à travailler ensemble. Lui trayait les vaches, puis mélangeait le lait avec une transformation des cabosses de cacao appelée chocolat. Il versait alors ce mélange à durcir dans des moules. C’est ensuite qu’intervenait Lolotte, avec ses petites pattes. Elle entourait les tablettes, comme on les appelait, avec du papier aluminium ce qui fit qu’avec le temps ses jolies papattes étaient devenues couleur argent.

Eh oui, vous avez surement reconnu Lolotte ou la marmotte aux mains d’argent comme on l’appelle dans la contrée. Vous ne saviez pas son nom mais sa légende a fait le tour du monde. Cette petite bête suisse qui, bien que célèbre dans toute l’Europe, avait su rester simple en était là de ses souvenirs lorsque les sifflements de Nonotte, sa petite fille, lui annoncèrent sa visite.

Après avoir un peu joué avec elle, elle reprit son bain de soleil dans le parfum des fleurs. Sa rêverie lui faisant venir des souvenirs, elle sourit. Elle n’avait pas eu une vie toujours simple, pas toujours heureuse, parfois dangereuse. Elle avait parfois eu peur en sortant du terrier. Même en humant l’air pour s’alerter de la proximité d’un renard ou en scrutant le ciel en y cherchant la présence d’un aigle.

Mais au final, sa vie était belle. Elle était entourée de ses proches. Elle avait un ami humain qui, bien que très diffèrent d’elle, avait l’amour des animaux dans le cœur. Elle avait eu un travail qui lui plaisait. Un travail qui avait du sens car il donnait plein de bonheur aux gens qui aimaient le chocolat.

Alors, en 2024, prenez le temps de réfléchir, regardez autour de vous et vous vous direz surement, ma vie est bien. Et vous serez heureux.

Roland

La lettre de Paris

Une bonne journée somme toute. Les clients de l’agence avaient été aimables et souriants. Il restait de ce si bon pain aux céréales chez la grosse boulangère et un air de vacances semblait figé sur la figure des passants. C’est donc l’humeur joyeuse que je regagnais mon appartement. Un petit coup d’œil aux boites aux lettres qui ne fermaient pas, une carte de Stéphane et une lettre de Paris. Je verrai ça assis tranquillement devant un verre.

« Bonjour, madame Perez. Oui, j’ai trouvé mon courrier. Oui, tout va bien. Bonne soirée, madame Perez » ça ne quitte donc jamais son escalier une concierge ?

Qu’est-ce que c’est bon un coca bien frais ! Alors, voyons ce courrier ! Stéphane encore en vacances au soleil, il faudra que je lui demande son secret pour avoir autant de vacances. Et la lettre de Paris ? Mais non, encore une erreur de Madame Perez, elle est adressée à la voisine du dessus. C’est vrai que nous avions des noms approchants et que nous nous ressemblions. J’en parle au passé, car j’ai appris son décès la semaine dernière, c’est dommage je la trouvais sympathique. Et si je l’ouvrais cette lettre…

 Voilà c’est comme ça que tout a commencé. Une lettre sympa qui disait en gros : « Je vais avoir 40 ans, cela fait presque vingt ans que nous ne nous sommes pas vus, je serais content si tu venais à ma semaine anniversaire » puis ont suivi tous les deux mois d’autres lettres que je guettais impatiemment. Les réjouissances de la semaine, les modalités d’accès, etc. C’est comme ça que j’ai débarqué dans cette gare du sud de la France où un gentil garçon m’attendait avec un panneau à mon nom. « Bonjour, je m’appelle Pascal. Roland m’a chargé de faire le taxi. » Après une petite demi-heure de route, nous sommes arrivés à une grande maison provençale entourée de cyprès et de lavande.

 Là, après avoir rencontré Roland, un peu débordé par l’arrivée de tous et qui m’a trouvé « changée », j’ai rejoint les autres invités au bord de la piscine.

Ce fut une semaine étrange. J’étais là au milieu de tous ces gens. Je partageais les rires. Je m’amusais aux fêtes. Je chahutais dans la piscine. Je me suis même surprise à être émue lors du petit discours que Roland prononça pour la soirée anniversaire. Et pourtant j’étais un imposteur. J’avais l’impression de voir tout cela d’en haut, de jouer un personnage, qu’à tout moment la magie de l’instant allait s’arrêter et que ces gens si agréables à l’instant me jugeraient, m’accuseraient l’instant d’après. Et, malgré cela, j’étais heureuse. Je n’avais aucun problème de conscience comme si l’ambiance qui régnait me confortait dans mon rôle, comme si le bonheur que moi aussi j’apportais aux autres suffisait à justifier ma présence en ce lieu. Même Roland qui me racontait nos souvenirs d’adolescence, qui se moquait gentiment de mon manque de mémoire sur cette période semblait me conforter dans ce rôle. Puis vint la fin de la semaine. Il fallut arrêter les petits déjeuners en commun pleins de fous rires. Les balades sous l’écrasant soleil du midi où nous passions plus de temps aux terrasses des cafés qu’à marcher dans la garrigue. Les séances de produits avant soleil, au soleil, après soleil. Les longs apéros qui opposaient le clan des pastis à celui des muscats. Une semaine bien remplie, où des liens s’étaient créés, des adresses échangées, des visites programmées.

Roland avait tenu à me raccompagner lui-même à la gare. C’est là que, sur le quai juste avant le départ du train, il me dit la vérité. « Au revoir, qui que tu sois vraiment. Eh oui, je savais. La veille de ton arrivée, les parents de la fille que tu as remplacée m’ont téléphoné pour m’annoncer son décès. Mais lorsque tu es arrivée, je me suis dit « c’est un signe », et le rôle que tu as tenu m’a donné l’impression que cette amie, à laquelle je pensais souvent, mais que je n’avais pu revoir depuis vingt ans, était là et participait à ma joie. Nous ne nous reverrons plus, mais je tenais à te dire merci pour ces moments. »

Le train est parti. L’appartement du dessus est reloué. Madame Perez est toujours dans l’escalier. Je ne reçois plus de lettre de Paris. Et lorsque, maintenant j’entends parler d’amitié, je pense qu’il n’y a pas que les mots pour l’exprimer.

Le Don

Compliqué, mais passionnant, tous ces chiffres, ces calculs, puis ensuite vient l’interprétation et le résultat final. Le moment où l’on donne a la personne qui vous l’a demandé son : analyse numérologique.

Et la commence l’attente, l’attente du verdict « accusé levez-vous », l’attente de la critique qui en deux mot « pas mal » vous fait comprendre que c’est complètement l’inverse, que l’on n’a pas su saisir, devinez, à travers les lettres et les chiffres l’essence même de la personne. Mais aussi parfois le fameux « c’est dingue c’est exactement ça » et là, ce sentiment de bonheur intérieur que l’on essaye de cacher pour ne pas passer pour un prétentieux. Là, on est bien.

Je m’étais plongé dans cet Art ? Domaine ? Supercherie ? Au fond je n’en savais rien. Par contre je savais une chose, c’est que je trouvais la, une impression de pouvoir. Non pas ce pouvoir autoritaire, supérieur, hiérarchique, non. Un pouvoir de connaissance, de découverte de l’autre, une sorte de violation de l’intimité, des secrets cachés, la connaissance ultime. Moi qui aime tant les terrasses des cafés, ou l’on peut pendant de longs moments regarder passer des inconnus, leur imaginer une vie, des, joies, des malheurs, des sentiments, des passions.

Moi qui aimerais tant si un seul don par un gentil génie un jour m’était accordé …

  • Oui quel don veux-tu ?
  • Mais ; qui es-tu ? ou es-tu ? J’entends une voix, mais ne vois personne.
  • Est-ce que cela a vraiment de l’importance ! je suis celui qui peut te donner le don que tu désires, alors ne laisses pas passer ta chance, formule ta demande.
  • Je, je voudrais le don de voir l’avenir, dis-je dans un souffle
  • En es-tu sur ?
  • Oui c’est ce que je désire le plus.
  • Alors tant pis pour toi, voilà tu l’as.
  • Mais que dois-je faire ? ou es-tu ? Ne me laisse pas comme ça explique moi ?

Mais c’était trop tard, la voix s’était tue. Vraiment l’on pense à de drôles de choses parfois, si je dis à mon psy que j’entends des voies je suis bon pour cinq ans de plus d’analyse. Dur, dur le budget.Je me moquais encore intérieurement de moi lorsque le téléphone sonna. La voix de Paul, et instantanément une vision : Paul a un entretien d’embauche qui parvient à obtenir le poste.

  • Allo, allo, Roland ? Tu m’entends ?
  • Oui oui Paul, j’étais distrait, comment vas-tu. ?
  • Ça va, je continue d’envoyer des CV, mais le marché n’est vraiment pas top.
  • Ne désespère pas, ça viendra.
  • C’est ce qu’il faut se dire, demain j’ai un entretien, mais je sais que je n’ai aucune chance, enfin j’y vais quand même.
  • Tu as raison parfois il peut y avoir de bonnes surprises. Excuse-moi Paul, mais il faut que je te laisse, bonne chance, à plus.

J’étais stupéfait, vite, il me fallait une autre expérience. La télé allumé annonçait demain Loto « super tirage » aussitôt la vision d’une liste de chiffre m’apparut. Pas besoin d’attendre le lendemain, j’avais compris. Je possédais le don.

Une soirée difficile, pleine de questions auxquelles je n’avais même jamais pensé, se bousculait dans ma tête. Que faire de ce don ? Comment l’exploiter ? Comment arriver à prévoir exactement la date de la vision ? Le lieu ? Ai-je le droit de m’en servir pour m’enrichir ?Toutes ces questions me tinrent éveillé pendant une bonne partie de la nuit et ce n’est que vers le matin que je parvins à m’endormir.

C’est la tête encore embrumée que je pris mon café. Cela finit de me réveiller et je me décidai à découvrir l’étendue de mon nouveau pouvoir en parcourant les rues. Un tour à la salle de bains en sifflotant, vu ma tête ce serait mieux si j’étais rasé. À ce moment-là, une vision : un enterrement, des gens qui pleurent, des gens que je connais, mais qui pleurent ils ? Où est-ce ? Et là, l’affreuse vérité, la vision venait d’être déclenchée par la dernière chose que je venais de voir mon reflet dans la glace.

Je pense que j’ai crié. Et c’est ce qui m’a réveillé, en sueur, quel horrible cauchemar. Et quelle idée idiote de vouloir d’un don pareil.

Tristesse (suite aux attentats)

Octobre finissant, j’étais content. J’avais bien travaillé.

Des textes sympas, pour vous j’avais écrits.

Ils étaient gais, ludiques, originaux et jolis,

Puis, l’horreur de novembre est arrivée.

 

Ma France a été attaquée, mon Paris a été blessé,

Mon quartier a été touché, notre insouciance s’en est allée.

« Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés »

337 ans après, mon cher Jean, tu es toujours d’actualité !

 

Quels que soient tes enfants, leur sang, noir sur tes trottoirs, Paris

Les a rendus égaux, leurs corps étaient sans vie, leur âme était partie.

Partie pour avoir aimé la vie, l’amitié, la culture, le verre entre copains,

Partie pour ces petites choses qui font de nous des humains.

 

Il me fallait faire mon deuil, le deuil de ces inconnus.

Car les inconnus ce sont nous-même, ce sont ceux que l’on aime

C’aurait pu être moi, c’aurait pu être toi, ami ou amour que j’aime

La bêtise obscurantiste a brisé ces vies dans la rue.

 

J’écris ces mots, sur un ordi, sur un écran, pourquoi pas sur papier ?

Ces mots vous n’auriez pu les lires sur le papier car l’encre se serait diluée

Encre et papier supportent mal les larmes salées

Car en écrivant, comme beaucoup je pense, j’ai pleuré.

 

Un ami proche écrivait « Et maintenant que faisons nous ? »

Maintenant nous continuons, maintenant nous prenons sur nous

Pour aller au ciné, voir la défaite du « côté obscur » et la chute du mal

Pour aller au spectacle, profitez de la joie de « Résiste » la musicale.

 

En cette année 2015 où janvier et novembre se sont partagés l’horreur,

Nous sommes au solstice d’hiver, là où la nuit est la plus longue.

Mais ensuite la lumière va s’imposer, un peu plus, d’heure en heure

Par vos gestes simples pour que le bonheur revienne dans notre monde.

 

Alors, maintenant, trouvez votre lumière et ne cessez pas d’y croire!

Nous ne devons pas oublier mais de gémir nous devons cesser.

Maintenant, pour nous, pour nos amis, ceux d’aujourd’hui et du passé,

Soyons cette petite lueur qui, multipliée par tous, redonnera l’espoir.

 

Ce texte était différent mais je sais que vous le comprendrez.

Covide ou Coplein

Parlons du « verre à moitié plein ».

Voyons le côté positif de ce perturbateur de vie

Afin de ne pas s’être confiné en vain.

Si nous lisons ces lignes c’est que nous nous en sommes sortis.

C’est déjà bien, vous n’avez pas tort.

Mais pourquoi faire et comment en sortir encore plus fort ?

Confiné = isolé = seul avec moi-même = introspection = prise de conscience = prise de décision = choix théorique.

Pour ne pas rester en propos sibyllins,

Allons-nous les concrétiser dans notre quotidien. ?

–      Ai-je compris qui sont les personnes qui comptent pour moi ?

–      Vais-je vraiment aller au travail en bicyclette ?

–      Si je n’avais droit qu’à une valise, qu’est-ce j’emporterai de chez moi ?

–      Vais-je continuer à acheter à ma petite supérette ?

–      Vais-je persévérer dans le bénévolat ?

–      Faire le travail qui me plait plutôt que celui que l’on attend de moi ?

–      Continuerais-je à parler avec ces voisins ?

–      Qu’est-ce qui est essentiel ou superficiel dans un inventaire de mes biens ?

–      Dois-je vivre pour travailler ou travailler pour vivre ?

–      Suis-je heureux, au point d’en être ivre ?

–      Pourquoi je dis si peu au gens que j’aime que je les aime ?

–      Et si parler résolvait les problèmes ?

Essayez donc cette méthode pour vous aider,

Mettez par écrit les idées, révoltes ou pensées

Que vous a inspiré ce confinement obligé.

Puis prenez-en quelques-unes et réalisez-les.

Alors ce Covide/Coplein aura été une bonne chose et vous en sortirez encore plus fort. Avec tout mon optimisme.

 

Humeur d’incompréhension

Mon voisin est VÉGÉTARIEN. Et cela me choquait. Si encore il était discret, mais non, il ne s’en cache même pas. Parfois il fait aussi des soirées avec d’autres végétariens. Ils se réunissent entre eux, font de bon repas, écoutent de la musique, discutent sur le dernier film sorti ou dissertent sur la véracité d’un discours politique, parfois même je les entends rire.

Oui, comme nous d’accord, mais quand même ! eux ils sont végétariens.Je me disais « ce n’est pas normal tous ces végétariens partout autour de nous ».

Et puis j’ai regardé les infos, j’ai vu des pays où ils étaient lapidés, fouettés, pendus, enterrés vivants, précipités du haut des immeubles, seulement car ils sont végétariens.

Et je me suis posé la question : pourquoi ? Pourquoi eux ? Car en fin de compte moi qui ne suis pas végétarien, ils ne m’obligent pas à l’être, ils ne sont pas une gêne pour ma vie de tous les jours. Ils sont juste différents de moi.

Puis je me suis souvenu de cette citation des années 50 du pasteur Martin Niemöller, qui disait « Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester ».

Alors maintenant que ces massacres de végétariens font les titres sans que personne ne s’en émeuve, sans que personne ne prenne conscience que nous reproduisons ce que nous condamnions après 1945. Posez-vous la question, en vous demandant  » dans quelle catégorie vous risquez un jour de vous trouver ? » , et commencez à avoir peur.

Peur pour vous, peur pour nous, peur pour la France.

Si ce billet d’humeur vous semble décalé, remplacer les mots végétariens par homosexuels.

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